Commençons par préciser que la recherche en sciences humaines et sociales (SHS) nous paraît avoir une valeur indépendamment des « transformations induites par l’économie numérique ». La révolution numérique, qui constitue l’une des « nouvelles frontières » mentionnées par la France Insoumise, va d’ailleurs bien au-delà du seul domaine économique. Les SHS ont été fortement malmenées ces dernières années et le risque d’instrumentalisation de la recherche par le politique dans ces domaines est fort. On rappellera ainsi la publication par le CNRS d’un appel à projets interdisciplinaires islamologie/criminologie dans la foulée des attentats du 13 novembre 2015.
La recherche en SHS a donc besoin de liberté et d’indépendance vis-à-vis de tous les pouvoirs, notamment politiques et idéologiques. C’est le sens de notre proposition de créer une section « économie et société » au Conseil National des Universités afin de garantir la survie de l’économie politique et de l’histoire économique dans un contexte de fortes pressions idéologiques et institutionnelles.
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous insistons sur la nécessité qu’une partie non-négligeable, de l’ordre des deux tiers, des crédits de fonctionnement pérennes soient attribués de façon automatique sur une base égalitaire, y compris pour éviter que les disciplines de SHS demeurent les parents pauvres de la recherche. En sciences sociales comme ailleurs, des financements récurrents et transparents sont la condition nécessaire de l’indépendance de la recherche.