Questions de science
et de technologie


 JL Mélenchon

Chaque université a peut-être des missions diverses (formation scientifique, qualification professionnelle, recherche, diffusion des connaissances scientifiques et techniques dans la société civile), mais cette pluralité de missions se joue à l’intérieur de chaque établissement et elle découle d’un seul et même objectif final, l’émancipation par le savoir.
De ce fait, aucune diversité de missions ne saurait fournir le prétexte à une partition du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche entre une poignée d’universités de recherche dé-territorialisées et gérées comme des multinationales du savoir et une masse d’universités de proximité secondarisées. Une université n’est viable que si elle est un lieu de recherche et de création. Des « universités de bassin » coupées de toute recherche fixeraient les enfants des classes moyennes et populaires dans leur milieu socio-économique, géographique et familial d’origine, sans leur offrir de perspective émancipatrice ni de véritable qualification professionnelle allant au-delà des besoins de court terme des entreprises locales.
La pluralité des missions de l’Université découle d’un seul objectif, l’émancipation. Partant de ce constat et de cet objectif, nous proposons de créer un cadre démocratique national de cadrage de l’enseignement supérieur qui coordonnerait toutes les universités publiques et aurait le monopole de la reconnaissance des grades reconnus par l’État. Il s’agit de veiller au suivi du cadre national des diplômes et à l’équité de la répartition des postes (notamment d’enseignants-chercheurs) sur tout le territoire.
Au demeurant, cela n’interdit pas celle d’universités expérimentales, notamment thématiques, si elles sont fondées sur les mêmes principes de création et de démocratisation du savoir. Cela vaut en particulier pour les domaines scientifiques et techniques touchant aux nouvelles frontières de l’humanité. Nous proposons notamment de créer une université internationale de la mer qui regrouperait des spécialistes des sciences et des métiers de la mer et du littoral et serait gérée en coopération avec tous les Etats désireux de se joindre à ce projet.