Cette manière de chiffrer la partie de la richesse produite qui va prétendument à la recherche et au développement cache en réalité bien des choses qui ont peu à voir avec la science et en tout cas avec l’intérêt de l’humanité. Des instituts financiers font passer leurs activités spéculatives pour de la recherche et ont obtenu de l’État du crédit d’impôt à ce titre. On pourrait aussi évoquer toutes les sommes qui servent à la recherche pour l’industrie d’armement. Je ne vois pas en quoi augmenter les investissements dits de R&D dans ces deux secteurs, par exemple, serait quelque chose de positif. Et sur le fond, cette manière de comptabiliser l’effort en direction de la recherche se place bien plus du point de vue du progrès des profits que du point de vue du progrès scientifique et du progrès de la société.
Je suis pour la transparence totale des comptes des entreprises privées et de l’État. Cela permettrait à tout un chacun de voir où vont les capitaux, y compris ces 2% prétendument pour la R&D. Et puis, l’argent public ne doit pas être utilisé comme subvention aux entreprises privées. Donc l’argent public destiné à la recherche doit aller à la recherche publique. Il faut même prendre sur les profits privés pour subventionner cette recherche publique dont l’industrie privée profite considérablement, et qui se trouve avoir de plus en plus de difficultés comme les mobilisations de chercheurs l’ont montré à plusieurs reprises ces dernières années. Car dans les faits, les moyens de cette recherche publique ont, dans bien des laboratoires, reculés.