Le taux d’échec à l’université et le taux de chômage ne sont pas structurellement reliés. Le taux de chômage est avant tout le produit du rapport de forces entre la classe capitaliste et le monde du travail. La classe capitaliste, en période de crise, accroit l’exploitation des travailleurs en contraignant des millions d’entre eux au chômage et ceux qui ont un travail à des horaires sans fin et des cadences folles.
Quant au taux d’échec à l’université, il faut sans doute chercher l’explication dans le délabrement de l’enseignement supérieur. L’enseignement supérieur a été engagé dans une course désastreuse au désengagement financier de l’État, que le gouvernement soit de gauche ou de droite.
Sous prétexte de rendre les établissements « autonomes », la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (dite loi LRU ou loi Pécresse), adoptée en 2007 sous le gouvernement Fillon-Sarkozy a tout simplement dépouillé du financement public nécessaire, les 83 universités du pays. Quelques années après que cette loi soit entrée en vigueur, certaines universités sont incapables de boucler leur budget et placées sous tutelle publique, d’autres font face à de graves difficultés financières. Elles suppriment des postes et des dizaines de milliers d’heures d’enseignement. Les universités sont surchargées. On nous abreuve de « de liberté et d’autonomie » pour faire passer en contrebande la diminution des postes et des budgets. Il y a eu 45 000 étudiants de plus à la rentrée 2016 (sur 2,5 millions de jeunes dans l’enseignement supérieur, dont 1,5 million à l’université), mais 7 000 enseignants de moins depuis 2009, selon les syndicats. Dans l’enseignement supérieur comme dans tous les services publics, l’argent public doit servir à créer les emplois qui manquent.