Questions de science
et de technologie


 F. Fillon

Comme indiqué dans la réponse de la question V.1, la recherche, qu’elle soit fondamentale ou appliquée, est indispensable sur le long terme à la croissance de notre pays, car elle seule permet dans la plupart des domaines développement et innovation et par là l’augmentation de notre richesse nationale.
La recherche s’appuie sur des techniciens, des ingénieurs et des chercheurs de talent pourvu qu’on sache les retenir. Il est indispensable de valoriser l’ensemble des carrières qui ont été gelées depuis près de 10 ans. Le recentrage de la fonction publique sur ses missions principales et la suppression de 8 % des postes d’agents publics sur cinq ans que je propose, soit 1,5% par an, permettront de revaloriser les carrières universitaires et scientifiques. De réelles perspectives de carrières sont seules capables de limiter la fuite à l’étranger de nos cerveaux les plus brillants.
La loi sur « la résorption de la précarité dans la fonction publique » (dite loi Sauvadet) doit être adaptée aux contraintes et spécificités de la recherche. Son application sans discernement fragilise aujourd’hui les jeunes chercheurs et ingénieurs non statutaires ainsi que les équipes qui les accueillent et les conduit à s’expatrier ou à abandonner leur carrière.
Il faut diversifier les financements de projet sur contrat, de type ANR jeune chercheur, ATIP-Avenir ; ERC jeune. Il faut faciliter les partenariats public-privé. Les subventions CIFRE et le Crédit Impôt Recherche sont des leviers majeurs à développer. C’est aussi à ce prix que nous retiendrons nos jeunes post-doctorants les plus brillants.
Il faut aider les chercheurs à aller à la conquête des financements européens, en particulier en ce qui concerne la coordination de projets dont on sait la lourdeur administrative, qui risque d’éloigner le chercheur de son cœur de métier.
La recherche n’a pas lieu que dans les laboratoires. Elle passe aussi par de nouveaux métiers qui constituent un tissu de soutien nécessaire, soit directement (bioinformaticien, conseiller en génétique) soit indirectement (grant manager, rédacteur scientifique). Ces nouveaux métiers donnent aussi des perspectives professionnelles aux jeunes formés par la recherche. Ces nouveaux métiers doivent être développés et promus.
Le fonctionnariat et les postes pérennes à vie ne peuvent être considérés comme l’unique option de carrière et le seul format de vie scientifique et créative. Au-delà des projets sur contrat, il sera important de développer les navettes entre les facettes variées d’une même carrière : enseignement, recherche, partenariat privé. L’adaptation et l’évolutivité des carrières scientifiques et académiques, au cours de la vie, constituent un sujet majeur. Comment envisager d’avoir la même production scientifique, ou le même style de productivité, pendant 42 ans !