Questions de science
et de technologie


 E. Macron

Je ne crois pas à une division nette et surtout définitive, décidée d’en haut qui plus est, entre les universités de recherche et les autres. D’abord parce que l’essence de l’Université c’est le lien entre formation et recherche. Ensuite parce que les universités dites de recherche intensive sont aussi des universités de formation intensive, au plus proche des besoins économiques, sociaux et culturels. De même parce que les universités qui ne sont pas considérées aujourd’hui comme étant de recherche intensive, dès lors qu’elles ont su développer une stratégie de spécialisation bien pensée, ont su développer, dans ces champs de spécialisation, des capacités de recherche et d’innovation du plus haut niveau. Enfin parce qu’il est nécessaire d’investir globalement dans la recherche et la formation et que nos universités doivent être à la fois globales et locales pour réussir.
En même temps nous ne pouvons plus continuer à tout demander à toutes les universités : chacune doit se développer et nous devons tout faire pour soutenir leurs projets. Et donc également bien sûr le développement de champions de catégorie mondiale, qui seront nécessairement en nombre limité.
Chaque écosystème a ses caractéristiques propres et il faut en tenir compte pour valoriser au mieux les compétences de chaque site. C’est pourquoi nous voulons au maximum nous appuyer sur l’initiative et développer leurs capacités d’autonomie, dès lors qu’ils sont volontaires pour faire bouger les lignes, décloisonner les vieilles frontières et nourrir de grandes ambitions. Je suis convaincu que notre pays a besoin de nouvelles universités qui regroupent des universités et des écoles actuelles avec les organismes de recherche. Je n’ai aucun doute là-dessus ; c’est ce qui nous permettra de construire des établissements plus visibles, plus attractifs et plus compétitifs au plan international. Mais il faut davantage s’appuyer sur la volonté des acteurs et substituer à une « obligation administrative » une « dynamique de projet transformant ». Lorsque des établissements auront construit un projet audacieux de rassemblement au sein d’une « nouvelle université », lorsque la consistance et la légitimité de ce projet seront constatées, nous permettrons à cette nouvelle université de s’organiser de la façon qui correspond de la façon la plus adaptée à ses caractéristiques et à son environnement.
Je suis bien placé pour savoir que cette dynamique indispensable comporte souvent des dimensions interministérielles. Elles ne doivent pas constituer un obstacle à des projets qui sont clairement d’intérêt national. Les « querelles de territoire » ne sont plus, en l’espèce, supportables. C’est pourquoi la création de ces nouvelles universités constituera un des axes prioritaires de la politique de réforme de l’Etat et des services publics et, à ce titre, son impulsion et le contrôle de son déploiement seront placés sous la
responsabilité directe du Premier ministre pour confirmer l’importance du sujet et lever rapidement les obstacles éventuels.
Je me fixe comme objectif d’avoir, à l’issue du quinquennat, grâce à un cadre juridique innovant et adaptable, y compris donc les statuts des établissements lorsque cela sera nécessaire, transformé le paysage de l’enseignement supérieur français et permis la création de ces nouvelles universités ayant « transcendé » les distinctions historiques universités/écoles/organismes, à chaque fois que les acteurs seront volontaires. Bien entendu cette politique devra au premier chef soutenir la constitution d’universités de niveau mondial, l’attractivité française. Mais cela passera aussi en grande partie, je le crois et c’est nécessaire, par des universités aux solides assises territoriales.
Pour ce faire, je souhaite notamment donner plus d’importance aux contrats quinquennaux de site et d’établissement. Nous attribuerons des moyens publics supplémentaires aux établissements dans le cadre d’une nouvelle politique contractuelle en contrepartie d’engagements sur des objectifs définis et partagés avec les communautés universitaires, de moyens mobilisés, de progrès et de résultats à atteindre. Ce sera le moyen pour l’Etat de soutenir la diversité des excellences et le choix de priorités et de stratégies qu’auront effectué les universités. On répond mieux à la diversité des besoins en soutenant une diversité de stratégies, plutôt qu’en imposant à tous des objectifs uniformes. Ce sera ainsi le moyen de libérer l’initiative et d’ouvrir un large espace d’expérimentations. Le principe qui me guidera sera de soutenir l’innovation à la mesure de l’engagement des établissements et des évaluations sur la qualité des résultats de formation et de recherche obtenus.