Questions de science
et de technologie


 E. Macron

Ce ne sont pas les universités qui ont l’obligation d’accueillir l’ensemble d’une classe d’âge, c’est tout le système d’enseignement supérieur. Il y a là une grande différence : les universités doivent être largement ouvertes, mais il est absurde de leur demander l’impossible au regard des missions qui sont les leurs. J’ai cependant le devoir d’être lucide. Il y a un important taux d’échec aux diplômes de premier cycle universitaire. Il faut y apporter des réponses.
Il faut mieux préparer nos étudiants à l’entrée dans l’enseignement supérieur et la recherche, mieux les orienter, et garantir leurs chances de réussite dans les formations qu’ils vont suivre.
Nous allons d’abord réviser le format de l’épreuve du baccalauréat. Il y aura à l’avenir 4 matières obligatoires à l’examen final, et le reste des épreuves fera l’objet d’un contrôle continu. L’importance conférée au contrôle continu met l’accent sur l’acquisition de savoirs et de compétences dans la durée. Car c’est la solidité des acquis qui garantit la réussite des élèves dans l’enseignement supérieur.
D’autre part, nous allons renforcer l’accompagnement et les dispositifs d’orientation au collège et au lycée. Et cela se poursuivra dans l’enseignement supérieur : en effet, chaque établissement devra publier en toute transparence les taux de réussite et les débouchés professionnels de ses anciens étudiants pour chacune des formations qu’il propose. Chaque étudiant pourra ainsi s’orienter vers une formation en connaissance de cause. Pour éviter l’autocensure d’étudiants issus de milieux modestes, et pour aider chacun à trouver sa voie, chaque établissement devra également assurer un accompagnement pédagogique personnalisé pour chaque étudiant.
En outre, pour donner aux étudiants toutes leurs chances de réussite en premier cycle universitaire, chaque université devra préciser, en toute transparence, les prérequis de chacune des formations qu’elle propose. Avec les prérequis, ce que je veux pour nos étudiants de premier cycle, c’est qu’ils puissent pleinement s’investir et s’épanouir dans leur formation, avec davantage de chances de réussite et donc d’insertion professionnelle. C’est tout le contraire d’une sélection.
Effectuer une ou plusieurs années d’études dans le supérieur représente un investissement humain, psychologique et financier : on ne plus continuer à laisser des étudiants peu préparés suivre n’importe quelle formation, sans nous soucier de leur devenir. L’université ne doit pas être le lieu de l’errance en matière d’orientation, mais le lieu de l’élaboration d’un projet académique et professionnel. Pour cela, il est essentiel que l’étudiant soit davantage accompagné et responsabilisé. A cette fin, je mettrai en oeuvre une proposition simple et pratique : un « contrat de réussite » sera conclu entre chaque étudiant et son établissement. Il définira en fonction du profil de l’étudiant et de son projet les caractéristiques du parcours de formation qui lui permettra de réussir.
Enfin pour que le système fonctionne et que chacun trouve sa place nous allons ouvrir 100 000 places de formations courtes professionnalisantes du supérieur, en concertant en profondeur avec les acteurs éducatifs et économiques du territoire. Nous devons absolument revaloriser ces formations, laisser les acteurs libres de les renouveler pour permettre aux étudiants qui le souhaitent ou qui le doivent de trouver rapidement un
emploi. La reprise d’étude tout au long de la vie sera ouverte avec la mise en place de véritables universités de la formation tout au long de la vie.
C’est donc un changement global que je propose, et c’est un tout : augmentation et renouvellement de l’offre de formations, plus différenciées, plus courtes, plus professionnalisantes ; réforme de l’orientation et instauration d’un système de pré-requis pour augmenter l’information pertinente pour que les étudiants fassent leurs choix ; et un contrat de réussite entre l’établissement et l’étudiant.