Questions de science
et de technologie


 B. Hamon

C’est en effet un grand enjeu, et je ne me résigne pas, comme je ne me résigne pas non plus à notre recul en termes d’attractivité pour les étudiants étrangers. La question a été abordée dans le Livre Blanc de l’ESR, et des mesures évoquées : je les mettrai en place. Le point de départ est d’agir sur les différents niveaux qui composent l’attractivité : le salaire en fait évidemment partie, mais aussi les conditions d’exercice du métier, l’environnement de travail, les conditions d’accueil des étrangers…
Il faut lancer un véritable Plan pour les Jeunes Chercheurs, dans la suite de ce qui a été engagé par Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon. Il sera composé de plusieurs volets.
Pour le salaire, en plus de la revalorisation qui vient d’être décidée (+ 1100€ pour un maître de conférences débutant), je créerai une prime d’attractivité pour les nouveaux maîtres de conférences et chercheurs. En plus de cette prime, ils bénéficieront de crédits de recherche afin de pouvoir se lancer immédiatement dans leurs travaux, dès le recrutement. Les débuts de carrière constituent ma priorité, car c’est là que l’écart est le plus fort avec les autres pays. Je veux aussi solliciter la communauté scientifique sur la question du recul de l’âge de recrutement, car cela a un impact négatif sur l’attractivité : à force de demander toujours plus de publications avant d’être recruté, on dissuade de très bons chercheurs qui ont d’autres opportunités plus alléchantes…
L’augmentation du budget que je propose, et qui est indispensable, un milliard supplémentaire, permettra de créer des emplois dans les universités et les organismes de recherche. Nos jeunes chercheurs subissent cruellement la baisse du nombre de départs en retraite, qui correspond aux faibles années de recrutement sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Il faut compenser ce phénomène et je créerai un principe : le nombre de recrutements annuels dans l’ESR doit toujours être d’au moins 3% des effectifs, afin de donner une visibilité dans la durée à ceux qui ont envie de s’investir dans ces métiers. Cela aura une incidence immédiate, représentant la création de 500 emplois supplémentaires chaque année dans les organismes de recherche. Pour les universités et grandes écoles, je prolongerai le plan de création de 1000 emplois par an, tout en compensant le GVT qui a trop souvent empêché d’ouvrir les emplois créés.
Pour les conditions de travail, j’augmenterai fortement le nombre de congés sabbatiques, qui permettent aux universitaires de s’investir dans leurs travaux de recherche, de se tourner vers de nouvelles thématiques. Je veux aussi qu’ils leur permettent de s’investir dans le ressourcement pédagogique. Je triplerai également le nombre de postes à l’Institut Universitaire de France. Je veux augmenter le nombre de semestres de congé sabbatique de 4 000.
Un autre aspect concerne le doctorat : si l’on veut attirer vers la recherche, il faut encore améliorer les conditions dans lesquelles le doctorat s’effectue. Je créerai 3000 contrats doctoraux supplémentaires et augmenterai la rémunération du contrat doctoral.
Les personnels administratifs et techniques contribuent aussi à l’attractivité : l’activité des chercheurs dépend fortement de leur présence dans les laboratoires. Leur nombre augmentera en raison de l’augmentation du budget que je prévois, ils sont partie intégrante du plan de 1000 créations d’emplois par an dans les universités et écoles. Mais je veux aussi agir sur la précarité. On ne peut pas continuer à avoir des règles de fonctionnement qui consistent à maintenir sur des postes précaires des gens qui apportent toute satisfaction, et dont le turn-over crée des difficultés pour les laboratoires car il faut sans cesse former de nouvelles personnes sur des techniques très pointues. Les règles de financement qui génèrent cette précarité seront modifiées, afin que les financements de projets puissent aller vers des personnels permanents et pas seulement des CDD.