Questions de science
et de technologie


 B. Hamon

Notre pays tire une partie de sa grandeur de ses penseurs : pensons à ce que nous ont apporté, à notre pays comme au monde, les philosophes des Lumières, et ceux plus proches de nous comme Foucault, les sociologues comme Bourdieu, les anthropologues comme Lévi-Strauss ? Parmi nos plus grands hommes politiques, la matrice intellectuelle a été forgée par les humanités, je pense évidemment particulièrement à Jaurès. Cette époque n’est pas révolue : alors que notre monde évolue plus vite que jamais, que les limites de l’humanité sont en jeu, que ce soit dans son existence même ou dans son corps, que le travail se transforme, et que le numérique investit les moindres recoins de nos activités, nous avons plus que jamais besoin des sciences humaines et sociales. La situation géopolitique également demande plus de compréhension, plus de recherche mais aussi plus de formation.
Un Plan pour les Sciences Humaines et Sociales a été mis en place par Thierry Mandon, et je veux l’amplifier. Il s’agit évidemment de moyens financiers, mais pas seulement. Nous devons non seulement mieux financer la recherche en SHS, mais nous devons aussi mieux organiser l’utilisation des résultats de cette recherche dans les politiques publiques. Donner sa place aux SHS, c’est aussi recruter des docteurs en SHS dans les différents lieux où se décident les politiques. Chacun a bien conscience que notre modèle de formation de l’élite administrative, qui a des ramifications dans l’élite politique, est inadaptée à notre siècle. Je veux la faire évoluer profondément, en appuyant l’ENA sur la recherche, en développant la formation par la recherche chez les hauts-fonctionnaires, pour que la méthodologie de la recherche scientifique, qui consiste à laisser de côté ses certitudes, permette d’améliorer le fonctionnement de nos administrations.