Questions de science
et de technologie


 B. Hamon

Il faut avant tout se fonder sur la manière dont la recherche fonctionne. Avoir conscience qu’on ne commande pas des résultats scientifiques comme on se fait livrer une pizza, et que c’est la capacité des chercheurs à pister l’inconnu, à se laisser surprendre, à prendre des risques, à explorer les recoins de la science qu’ils peuvent la faire progresser. Non seulement la recherche fondamentale est essentielle, nécessaire au développement de l’ensemble de la recherche, mais il faut rappeler qu’elle suscite beaucoup de fascination dans la population. La recherche finalisée, quant à elle, a évidemment toute son importance, en particulier quand nous sommes face à des défis aussi considérables que le changement climatique. C’est donc la bonne articulation entre ces deux moteurs de la recherche, la curiosité et les défis sociétaux, qui est indispensable.
Du point de vue du financement, les deux modalités principales, soutien de base et appels à projets, sont complémentaires. Le soutien de base est aujourd’hui insuffisant, je m’engage à l’augmenter. Cela permettra de donner des possibilités d’action plus importante aux chercheurs de manière efficace, pour qu’ils puissent suivre des idées nouvelles sans passer par des démarches chronophages. Les appels à projets doivent être conçus pour apporter une valeur ajoutée : mise en réseau, soutien aux jeunes chercheuses et jeunes chercheurs pour faciliter leur prise d’autonomie scientifique, pluridisciplinarité. Ils doivent aussi avoir un montant financier qui rende la candidature viable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Pour ce qui concerne les outils des programmes d’investissement d’avenir, je suis attentif à plusieurs choses :
Ils doivent s’inscrire complètement dans la politique nationale, et permettre des expérimentations qui peuvent ensuite être déclinées dans d’autres sites que ceux qui ont été lauréats. Ils doivent avoir un impact positif au-delà de ceux qui reçoivent les financements.
Ils doivent permettre à chacun de se développer, et ne pas renforcer des inégalités notamment géographiques déjà présentes historiquement
La décision doit s’effectuer au niveau de l’Etat, et le rôle des jurys clarifié : ils doivent se limiter à rendre des avis pour éclairer les décideurs, mais pas se substituer à eux.