Questions de science
et de technologie


 B. Hamon

Mon objectif est de porter ces dépenses à 3% (recherche publique et privée) et de m’engager dans une trajectoire qui permette d’atteindre cet objectif. Il ne suffit pas d’afficher un objectif, si on n’y met pas les moyens cela ne sert à rien. Le Livre Blanc de l’enseignement supérieur et de la recherche a posé cet objectif, et déterminé une programmation budgétaire pluriannuelle permettant de l’atteindre : je m’inscris dans cette démarche et m’engage à augmenter le budget public de l’ESR d’un milliard d’euros. Cela permettra plusieurs mesures importantes : augmenter chaque année les crédits de base des laboratoires ; améliorer le financement et le fonctionnement de l’ANR ; lancer un plan pour les jeunes chercheurs, prendre des mesures en faveur de l’attractivité des métiers de l’ESR ; développer les infrastructures de recherche ; améliorer l’immobilier ; soutenir le déploiement du numérique .
Je m’engage à faire de cet engagement un socle et à la faire voter par le Parlement : le budget de l’ESR ne doit pas être une variable d’ajustement.
Je veux aussi porter au niveau européen, dans le cadre de la refondation du projet européen, la question de la place de l’ESR. Il faut sortir du paradoxe qui fait que dans les discours l’ESR est un pilier de l’UE, et dans les faits les règles ne le favorisent pas. Les études montrent toutes que les dépenses d’ESR constituent un investissement, qu’elles rapportent beaucoup plus qu’elles ne coûtent : l’OFCE a évalué que les mesures engagées dans le Livre Blanc de l’ESR pourraient générer 10 points de PIB supplémentaire à long terme, et c’est une croissance non destructrice. Dès lors il faut cesser de comptabiliser ces dépenses dans les déficits publics, l’UE doit être cohérente et quand elle fixe des priorités, comme celle de se fonder sur la connaissance, elle doit aller au bout de sa logique. Il est significatif qu’en préparation de la réunion des chefs d’Etats et de gouvernements commémorant le 60ème anniversaire du Traité de Rome, les scénarios envisagés ne concernent que très peu l’enseignement supérieur et la recherche. Je souhaite à l’inverse que la France construise une alliance politique avec d’autres pays pour faire de ce domaine un pilier du projet européen, à la fois en fidélité à l’histoire de notre continent qui doit tant à la Science, et en vision de notre futur commun qui ne peut se réduire à des règles comptables mais au contraire doit s’appuyer sur les forces de la connaissance.