Cette situation est préoccupante : la France est un grand pays scientifique, avec des chercheurs qui comptent parmi les meilleurs au monde, mais une forme de fracture scientifique divise la population, entre une petite partie très performante et une grande partie dont le rapport aux sciences est difficile. Pour y remédier il faut agir suivant plusieurs directions.
Renforcer la formation des enseignants : ceux-ci doivent être en contact avec l’évolution de la science elle-même, mais aussi avec les travaux de recherche sur l’éducation. Cela doit s’inscrire dès la formation initiale mais aussi tout au long de leur vie : je lancerai un grand plan de formation continue des enseignants leur permettant de bénéficier chaque année de 3 à 10 jours de formation. Un bilan des maisons pour la science, qui ont été fondées pour développer l’approche initiée par Georges Charpak d’un apprentissage des sciences ancré dans l’expérimentation, sera effectué afin d’envisager leur développement. Celles-ci permettent aux enseignants d’étendre leurs pratiques pédagogiques scientifiques et de donner plus de sens aux apprentissages.
La revalorisation des conditions de travail des enseignants que je propose est aussi nécessaire pour susciter des vocations chez les étudiants en science pour qu’ils se dirigent vers le professorat. J’agirai au niveau du salaire, de la première affectation, mais aussi en favorisant la création de collectifs de travail, permettant des croisements inter-disciplinaires plus nombreux.
Le dispositif d’étudiant apprenti professeur est destiné à soutenir les étudiants qui souhaitent s’orienter vers le métier de professeur. Il peut devenir un bon levier pour attirer des jeunes dans les secteurs où on manque de candidats, comme les mathématiques. J’en ferai réaliser un bilan dès que nous aurons un peu de recul, le dispositif datant de 2016, et le développerai si les résultats sont bons.
Plus généralement, le renforcement de l’attractivité des filières scientifiques est nécessaire. Celle-ci a repris depuis 2012 : le nombre de bacheliers S poursuivant des études supérieures scientifiques a augmenté de 40%. Il faut prolonger cette tendance, en agissant sur l’orientation et en soutenant les actions de culture scientifique et technique, qui permettent de voir les sciences sous des regards variés. Une attention particulière sera portée à l’orientation des étudiantes, qui sont trop peu nombreuses dans beaucoup de disciplines porteuses de très bons débouchés, comme le numérique par exemple.
La stratégie mathématiques lancée en 2014 est un bon exemple d’action : elle agit conjointement sur les programmes, la formation des enseignants, l’image des mathématiques. Il pourrait être intéressant d’étendre cette démarche aux autres disciplines scientifiques.